Le blues de l'écrivain
Les écrivains, qu’ils aient publié un livre ou non, connaissent peut-être un jour ce stade. C’est le moment où on termine un manuscrit, le moment où on doit laisser partir ses personnages…
Je ne l’avais pas identifié avant ces dernières années, sans doute parce que je m’étais mis une telle pression pour publier que j’en avais oublié de respecter cet état.
J’ai fait le choix de l’édition indépendante pour être plus libre, pour pouvoir écrire à mon rythme… Et je comprends aujourd’hui que ce n’est peut-être pas ce qui me convient le mieux pour l’avenir. C’est un monde difficile, et je souhaite que l’écriture reste une passion. Et je suis bien trop vieille pour penser que je réussirais à m’adapter à cela. La neuroatypique en moi connaît ses limites et ses points forts.
Si je veux continuer à écrire les histoires que j’aime, je ne peux pas également gérer tout le processus d’édition qui nécessite beaucoup d’énergie (et d’argent).
L’édition indépendante, terme que j’utilise pour l’autoédition, a réveillé en moi le syndrome de l’imposteur, le besoin de me justifier, le besoin de me trouver des excuses quand les choses ne se passaient pas bien.
Ces dernières années, j’ai cumulé ces blues sans en tenir compte. J’en parle peu, sauf dans mes newsletters mensuelles, et pourtant ils sont réels.
En ressortant mes anciens écrits de leurs cartons, en découvrant toutes ces histoires que j’avais gardées pour moi, j’ai ressenti une véritable joie. Je crois bien qu’ils resteront ainsi, secrètement cachés. Ils ne sont pas parfaits, et ils ne le seront pas, car même si mon style s’améliore avec la pratique plus intensive, je ne serai jamais totalement satisfaite du travail fourni. En plus d’être une tortue, je suis une fourmi.
Hier, quand j’évoquais la diminution des parutions, je ne parlais pas de réduire le rythme de labeur. Bien au contraire. En faisant appel à un deuxième correcteur professionnel cette année, je veux encore plus améliorer mes écrits.
Je ressens une immense gratitude envers ceux qui m’ont fait confiance ces dernières années, qui ont lu mes livres alors qu’ils ne me connaissaient pas, qui m’ont soutenue malgré mes maladresses. Vous ne pouvez pas savoir à quel point cela a été précieux.
Alors oui, je l’avoue, passer plus de temps avec mes personnages avant de les dévoiler au grand jour est une façon de lutter contre ce blues de l’écrivain. C’est en tout cas ma méthode pour retrouver du plaisir dans l’écriture.
L’article d’hier si vous ne l’avez pas encore lu…